Dans l'antre du soi, 2019

Série de 24 photographies.

Dans l’antre du soi
Féminin-Masculin : Altération du principe de binarité.

Il est des mécanismes à tel point enracinés, si profondément ancrés dans l’antre du soi, que les scruter semble s’apparenter à une forme d’excavation.

Si cette série s’attache bien à corroder le concept de norme, il ne s’agit pas ici d’illustrer l’appréhension d’une notion abstraite mais bien de faire émerger les heurts qu’elle est à même d’engendrer dans les tréfonds de l’être.
Parce que foncièrement intégrée, la norme n’est pas systématiquement questionnée. Pour autant, elle sait se faire plus que sclérosante pour celui qui, au cours de son existence, ne la ressent pas, ou plus, en parfaite adé- quation avec son essence.

Dans l’antre du soi s’amorce au paroxysme de cette aliénation ; il n’est donc rien d’anodin à ce que son person- nage se laisse d’abord discerner comme écrasé par une chape au poids incommensurable.
Au gré de la narration, la photographe exhume les querelles intestines, dévoile les cheminements, décèle les inerties. Pourtant, instinctivement, à travers l’ambivalence de la symbolique des teintes et des positionnementsdu corps, notre regard s’attelle à démasquer la nature de cette figure.

Dès lors, plus qu’une invitation, la photographe nous engage. Car par le fait, Marielsa Niels nous renvoie à notre propre appréhension des normes, intime, voire presque intrinsèque à force d’acceptation. Elle nous remémore que ces dernières sont ainsi, insidieusement enveloppantes.

Anne Éléonore Gagnon